CONCORDIA....Naufrage.... (2012)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 





















 

Vendredi 13 janvier 2012, tout un symbole, le navire CONCORDIA s'échoue et se renverse. Il y aura 11 morts et plus de 20 disparus.

19 :15 Je rentre juste de la visite de Rome. Au bar où je me trouve, le bateau tangue par mer très calme. Je trouve cela anormal.  Je regarde et constate que la mer est calme. Curieux !

19 :40 Dans la salle de spectacle où se déroule une présentation de magie, ça bouge de nouveau, comme si de l’eau se trouvait dans les ballasts et y circulait en forme de va et vient. Le spectacle ne me plait pas et je suis mal à l’aise. Je décide de quitter la salle.

21 :00 Je retourne  au bar pour prendre un apéro.

21 :15 Je me rends en salle de restaurant, car je suis au deuxième service.

21 :30 Soudain, un bruit énorme (la collision avec le rocher). Les lampes s’éteignent, tout est dans le noir, tout le monde crie et le bateau gîte à 20°. Les lampes de secours s’allument automatiquement puis les lampes normales se rallument au bout de 20 secondes, le générateur de secours se mettant en marche.
Le personnel est au sol, les assiettes cassées jonchent le sol. Le personnel apaise les passagers de leur mieux. Le Commandant nous informe que le problème vient du générateur électrique et que la situation est sous contrôle.
Je me rends vite compte qu’il y a mensonge et que la situation est critique. A table mes voisins sont calmes et font confiance au commandant et à ses ordres. Moi non.
Je décide de sortir de suite car je juge la situation critique et ne crois pas à la version du commandant.
Je m’insurge car personne à table ne veut me suivre et m’écouter.
Je décide alors de me lever et de partir seul.
Je sors le premier du restaurant, les gens me regardent passer et s’interrogent sur mon initiative. Je marche sur la vaisselle brisée.
Je grimpe à pied en courant du 3° au 7° étage, les escaliers sont inclinés, je me tiens à la rampe. J’ouvre la cabine, les portes des placards battent, le bateau gîte toujours. Personne dans les couloirs.
Je me mets de suite le gilet de sauvetage, je sors la valise sans vraiment y penser et récupère vite une lampe de poche qui s’y trouve, car je pense que si il n’y a plus de lumière sur le bateau il sera impossible d’agir.
Je panique, vois mon téléphone à portée de main, le coffre rempli de mes objets tels qu’appareil photo et papiers ou clefs de voiture, mais je pense à la vie d’abord et laisse tout à bord ! Dommage j’en aurai eu que pour 10 s à tout récupérer et cela m’éviterait les ennuis maintenant pour tout refaire.
Je redescend en courant au 4° étage, au pont des chaloupes de notre coté Tribord. Il y a maintenant des gens dans les couloirs qui s’excitent. D’autres attendent les ordres !
Au fait, je réalise que contrairement aux autres croisières, il n’y a pas eu au départ d’exercice de sauvetage des passagers, avec rassemblement sur les ponts des chaloupes. Curieux.
Je me  retrouve de suite devant une chaloupe au pont 4.
Je hurle pour que les responsables des chaloupes agissent vite ! Ils attendent les ordres. Ils parlent mal anglais et ont toujours leur sourire naïf indonésien.
On est près de la terre. Je vois les lumières de la ville. Cela me tranquillise un peu.
Je m’énerve de plus en plus car je sais qu’il n’y a pas de commandement et qu’on risque gros très gros !

22 :15 le bateau subitement se redresse lentement ! A mon avis ils ouvrent des portes pour chasser l’eau ailleurs et tenter d’équilibrer le bateau !
Je surveille le bateau. Il revient horizontal, je souffle un peu, mais il poursuit sa route et gîte de nouveau de notre côté tribord cette fois. De ce fait je ne suis plus en haut, mais en bas du bateau… je m’inquiète.
Je surveille la gîte avec les lampes de la terre et un repère sur le bateau !
Il gîte de plus en plus et très vite ! Cela ne peut durer, je dois agir. Tant pis je prends le risque.
Je décide alors de ne pas rester de ce côté. Trop de risques car le bateau risque de m’engloutir si il continue sa course folle. Je traverse les coursives et me mets à bâbord, en rampant sur le pont incliné car maintenant il y a beaucoup de gîte.
La sirène retentit enfin, 6 coups rapides puis un coup long…. pour demander aux passagers de rejoindre les chaloupes. Il était temps ! Moi j’y suis depuis une heure. Et le temps me semble très long, vraiment très long ici. Mais le commandant n’est plus sur le bateau déjà.

22 :50 Les trente minutes qui suivent sont interminables. Je hurle aux chaloupiers de descendre la chaloupe, qu’on est en train de couler, pourquoi ils attendent. Ils parlent mal anglais. Ils me disent attendre les ordres ! Ils ne viendront pas.
Ils finissent par prendre l’initiative de l’embarquement dans la chaloupe de 150 places. La porte s’ouvre et ils demandent aux femmes et enfants de passer en premier. Je laisse passer une dizaine de personne puis c’est la ruée. On entre à 300, tous serrés dans ce cercueil attaché par des palans aux poutres du bateau. Je veux rester debout près d’une issue. Ca se bouscule trop , je finis par m’asseoir. Toute la chaloupe est pleine a craquer. Ca hurle de partout, et des gens vomissent. Je me retrouve assis en contrebas, loin des issues ! Je regarde le panneau du sommet, celui du pilote. Je me dis que si il y a un problème, je grimpe vite par là, ouvre le sas et sors.
Des gens restés sur le pont frappent à la porte pour entrer dans la chaloupe et supplient.  A l’intérieur les gens crient qu’on est complet ! Chacun pour soi ! Un employé ouvre quand même la porte pour dire que c’est plein. Trop tard, aussitôt des gens se faufilent et forcent le passage. Tt le monde hurle. Le Titanic en direct. La porte se referme difficilement.
Les moteurs de la chaloupe sont en marche.
On va nous faire descendre bientôt à l’eau. Hélas ils libèrent le treuil sans le contrôler. La chaloupe descend alors de 10 m en chute libre, pivotant à 90° sur un bord, tt le monde hurle. On croit que c’est fini qu’on meurt. Puis elle se cambre à 90° mais dans l’autre sens cette fois, les gens hurlent de plus fort, puis quand comme par magie, elle se stabilise horizontalement enfin. Je ne pense paradoxalement à rien, ni à ma famille ni à la mort. Je suis là c’est tout, je subis.
Alors la descente reprend cette fois lentement. Bouche sèche, je regarde hébété par le hublot où l’on est. Je compte les hublots qui défilent doucement devant mes yeux et nous ramènent près de l’eau. Un, deux, trois… Ouf on descend et on se rapproche de l’eau. Puis miracle je vois enfin la ligne de flottaison bleue, car le bateau est incliné et sa ligne de flottaison est très haute. Je sais alors qu’on est à quelques mètres de l’eau ! On touche l’eau enfin, les câbles sont lâchés, on s’éloigne vite et on fait des ronds dans l’eau pendant au moins 30 minutes encore sous les projecteurs des bateaux de secours et de l’hélicoptère qui tourne au dessus de nous.
En haut sur le bateau, ceux qui n’ont pas été réactifs sont sans gilets, sans chaloupes. Ils devront partir dans les engins flottants, descendre par des échelles de corde sur la coque presque horizontale ou se jeter à l’eau.

23 :30 Le calvaire est presque fini, je débarque à terre et je marche sur le quai de l’île. J’attend et je vois les gens qui débarquent derrière nous,  certains mouillés (il fait 8°) ou sans chaussures.

24 :00 Un bus arrive, je pense aller dans un hôtel. Non, on va tous dans une église. Au sommet de l’île, je suis à pied le curé qui parle espagnol. Je lui demande si il veut que je traduise ce qui se passe en français et anglais, car tout le monde s’interroge sur ce qui se passe et pourquoi l’église. Peu coopératif, il refuse ! OK !
J'entre. Elle est pleine et gelée. Vite je décide de me coucher au pied de l’autel, d’enlever le tapis au sol et de m’en faire une couverture. Au bout de 30 mn je suis tétanisé par le froid. Je grelotte et tremble sans cesse. Je décide de me lever et de marcher. Je sors pour voir si un habitant peut m’héberger. Je vois un petit bar. Je rentre. Il fait bon. Une petite cheminée ! Je me mets au coin du feu. Je ne peux rien acheter ou boire, car je n’ai rien sur moi. J’ai tout perdu ! J’apprendrai plus tard que le bar a été ouvert dans la nuit pour faire du chiffre d’affaire. Business, business ! Drôle de monde !

Samedi 0 :45 Le curé vient nous dire qu’on va être rapatrié à terre.
On redescend tous en bus dans le froid, grelottant en tenue de dancing ! Petite chemise sur la peau et une petite polaire que j’ai emporté en vitesse de ma cabine. Au port, nouvelle attente, un bateau attend au quai, un ferry.
Le premier vient de partir bondé.
Je prends le second et suis le premier à y entrer. 
Je me mets dans la partie abritée, sale. Tout le monde entre et se met n’importe où, au sol.
Ils se couchent à terre.
Je suis assis pour deux heures de traversée sur ce raffiot. A terre j’avais récupéré une vieille bouteille en plastique à la pharmacie bondée de clients, et je l’avais discrètement remplie d’eau sans rien demander à personne. J’avais bu car j’avais soif. Je pose la bouteille sur la table. La bouteille était remplie d’une eau saumâtre jaune !  Je vide le contenu de mon bien le plus précieux aussitôt.
Le bateau part, 2:00 de mer ! Je n’ai pas peur. Je râle de ne pas avoir emporté mes affaires urgentes. Pas grave ! La vie d’abord.
 
2 :45 J’arrive à Porto Santo Francisco en Italie. Premier à descendre comme toujours, la porte arrière du ferry bascule lentement. Je me mets à pleurer ! Des ambulances, des civières, l’armée, la police, les médecins sont alignés et nous barrent la route. Ils nous donnent des couvertures, nous tapent sur l’épaule, on s’habille vite. Les blessés partent sur les ambulances. Des tentes de l’armée sont montées. On passe dans un filtre ou on prend nos identités. Puis prise de tension pour ceux qui ne sont pas bien et on nous donne un thé chaud. C’et bon, vraiment très bon !
On nous transfère par bus dans un gymnase. Nourriture et boissons. Toilettes plus que prises d’assaut. Et nickel… bref je plaisante bien sûr !
J’attend alors un bus pour rejoindre Savone.

7 :45 Toujours pas dormi ! Je monte à bord du bus. Je tombe de sommeil. Le bus part pour Savone.

9 :30 La police en entrant dans la ville nous attend à l’entrée de la ville et nous escorte ! On nous amène au hall débarcadère de Costa. Là on nous donne de la nourriture, des boissons chaudes et des vêtements d’urgence : sabots, polaire, sac de nourriture.

11 :00 Je prends un autre bus pour Nice. Sal, frigorifié, les traits tirés.

16 :00 Arrivée à Nice. Les haltes sur l’autoroute sont organisées. Samu, police, médecins qui montent à bord et prennent les tensions et nos identités.

16 :15 Départ de Nice ou on dépose des passagers à la gare puis à l’aéroport, puis route vers Marseille. Toujours en bus. Tout est bien synchronisé, chapeau.

 

19 :00 Arrivée sur Marseille. Toujours sur les aires d’autoroute, tout a été prévu pour nous accueillir.
Au terminal une organisation extraordinaire. Nourriture, boissons, la police sur des comptoirs, Costa (plus que défaillants), poste Tel en libre service, ordinateurs en accès libre, chapeau !
Problème avec ma voiture. Les clefs sont restées à bord du Concordia !
Il y a du beau monde ici. Je vais me renseigner de suite au sommet car les intermédiaires je connais et me disent n’importe quoi ! Directeur Général de la sécurité de Marseille (un homme charmant qui m’aidera tout le temps que je suis ici), Chef de la police de Marseille, une blonde très jeune, il y a aussi la mairie de Marseille avec l’adjoint etc…
Tout le monde est serviable et compatissant. Cela fait deux jours que je ne dors pas. Pas rasé, sale !
Je négocie pour ma voiture.
 
22 :30 Un spécialiste vient ouvrir mon véhicule Le spécialiste ne peut démarrer une Mercedes. Je récupère quand même mon trousseau de clef de la maison.
Un bus arrive. La télé me filme et veut mon interview plus longue le lendemain pour TF1 je refuse ! Dommage. Je passe quand même deux fois sur le JT de 20 h et sur BFM.
La gloire…. Mais je m’en serai passé !

23 :00 A l’hôtel IBIS. Pas de brosse a dents. Ils me trouvent un rasoir quand même! Douche et dodo enfin au chaud.

Dimanche  8 :30 Petit déjeuner (plus que frugal) à l’hôtel… copieux of course !

10 :00 Navette pour la gare.
Là comité d’accueil de nouveau. Tout est organisé ! J’arrive, donne mon nom, 20 mn après le billet 1° classe est livré.

11 :00 Départ du train

15 :00 Arrivée à Toulouse… Les ennuis commencent ! Il faut tout reconstituer et refaire les papiers ! Pas grave je suis en vie !

J’avais vu…..

Jeudi 5 janvier 2012… je rêve d’un bateau de croisière COSTA qui passe par mer belle près de la cote. Je suis au soleil sur une plage. Il passe vraiment près de la cote !

Vendredi 6 janvier 2012… Un cauchemar. Je vois mon bateau qui avance de nuit sur l’eau par mer calme. Il s’approche de la terre. Je me dis : Mais il est fou, il n’y a pas beaucoup d’eau ici !
Il avance et je vois les hauts fonds transparents. Le bateau passe alors dessus les rochers.
J’entends alors les hélices qui broient les rochers avec un bruit infernal, comme un moulin à café. Je regarde autour. Il y a juste après les rochers où est échoué le bateau, une anse ou il y a plein de bateaux de toute sorte arrêtés. C'est exactement l'anse devant le port de Giglio ! Dans mon rêve, comme il y a sur le Golfe du Lion la tempête, j’en conclu à tort que ces bateaux se sont mis à l’abri à la cote pour se protéger de la mauvaise mer. Je ne tiens pas compte (heureusement, j'aurais été inquiété) du présage. Je ne me souviendrai de ce rêve qu’a mon retour à Marseille par flash.

Mon sentiment sur ce naufrage:

Quand on est parti de Toulon le 8, il y avait la tempête. Or le bateau n’a pratiquement pas bougé en mer.
Quand on quitte Rome, le bateau tangue très lentement mais au point de ne pouvoir marcher droit dans le bateau ! Je regarde la mer qui est lisse. De suite je sens que ce n’est pas normal. A mon avis à ce moment il y a de l’eau dans les cales et cela fait ballast, tantôt à bâbord, tantôt à tribord.
Donc, soit le commandant n’a pas vu le problème d’une éventuelle fuite d’eau et d’avarie sur le bateau, soit il l’a vu et a tenté de continuer quand même.
En réalité lors de l’incident il était au restaurant de luxe avec le second et deux femmes.
Erreur du poste de pilotage ? Désir de se rapprocher de la cote pour jeter l’ancre et débarquer a terre, désir d’échouer volontairement le navire ? Je ne sais !
En tout cas, dans les chaloupes j’ai remarqué l’ancre qui pendait, donc il y a eu essai de la descendre ! Pourquoi ?
En tout cas les dires du commandant sont faux et l’hypothèse farfelue de la télé, un rocher sur la coque, puis le bateau continue sa route pour revenir ensuite près de l’île est totalement ridicule !
Et si il valait mieux accuser le commandant que de mettre en cause la sécurité du navire ? La vérité ne sera pas connue je pense, trop grave de mettre en cause la renommée de COSTA !

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